- LE SYSTEME D’ALERTE PRECOCE
Le Système d’alerte Précoce : UN INSTRUMENT FONDAMENTAL D’ORIENTATION DES PLANS DE REPONSES NATIONALES DE SECURITE ALIMENTAIRE
Le SAP est au début et à la fin du processus de sécurité alimentaire dans notre pays. Il collecte, analyse et diffuse les informations essentielles pour appuyer et orienter les prises des décisions et les planifications stratégiques pour apporter des réponses adaptées aux populations en insécurité alimentaire
Les aléas naturels et leurs impacts sur les populations qu’ils affectent peuvent varier dans le temps et dans l’espace. Les aléas naturels peuvent survenir soudainement ou évoluer lentement mais dans un cas comme dans l’autre, ils peuvent être dévastateurs pour une communauté, une région ou un pays. Les aléas à occurrence soudaine sont des aléas qui surviennent à la suite d’un événement unique avec peu ou pas de signes précurseurs, tels que les inondations, les invasions acridiennes etc. Dans les deux cas, la capacité à faire face aux facteurs qui font qu’un aléa devient une catastrophe peut aider à sauver les vies mais également les moyens de subsistance des populations à risque. Les Systèmes d’Alerte Précoce (SAP) sont au cœur des mesures qui permettent de limiter la perte de vies et de moyens de subsistance due aux aléas et aux catastrophes. Les SAP sont constitués d’une série de mécanismes de surveillance organisée ou d’actions qui collectent des informations sur les aléas potentiels dans un lieu donné afin de déclencher en temps opportun des interventions coordonnées. Les Systèmes d‘alerte précoce sont utilisés dans tous les secteurs impliqués dans la réduction des risques de catastrophe, y compris la santé, la sécurité alimentaire, l’agriculture, entre autres, afin de fournir aux communautés, aux gouvernements, aux ONG et aux acteurs humanitaires les informations qui leur permettent d’agir effectivement et efficacement. Ils jouent tous un rôle important dans le suivi des aléas connus dans une région ou une localité, donnant à l’avance des avis d’alerte pour permettre l’adoption de mesures de prévention et d‘intervention en vue d’atténuer les chocs. Bien que l‘importance des SAP soit largement reconnue, dans de nombreux cas, les parties prenantes ne s’y investissent pas suffisamment pour concrétiser les intentions politiques ; et le cas échéant, les défaillances des systèmes lors des moments critiques les rendent inopérantes ou inefficaces.
Dans notre pays, le SAP est surtout un système de collecte permanente d’informations sur la situation alimentaire. Sa mission consiste essentiellement à fournir à l’ensemble du système de sécurité alimentaire du pays les informations nécessaires à une affectation optimale du stock national de sécurité dans le cadre d’opérations d’aides alimentaires ciblées ou à une utilisation efficiente des fonds de sécurité alimentaire dans des actions d’atténuation d’insécurité alimentaire. Son objectif est de déterminer suffisamment à l’avance les populations les plus vulnérables risquant de connaître des difficultés alimentaires et/ou nutritionnelles, de dire les raisons du risque, de dire à partir de quand, pour combien de temps, avec quelle intensité et quelles sont les actions d’atténuation possibles. Les informations sont recueillies auprès des services administratifs, techniques, de la société civile et des élus locaux depuis les communes vers les chefs-lieux de cercles, les chefs-lieux de Régions et enfin Bamako. Au niveau de chaque chef-lieu de Région, l’équipe régionale SAP chargée du recueil des informations est appuyée par la Direction Régionale du Plan et de la Statistique. Avant d’être transmises sous forme de rapport mensuel, ces informations sont examinées par un Groupe de Travail Régional SAP présidé par le Conseiller aux Affaires Economiques et Financières du Gouverneur de la région. Ce groupe de travail se réunit mensuellement et regroupe les services techniques, les élus, les Organisations Internationales et les ONGs intéressées par la sécurité alimentaire.
A Bamako, les rapports régionaux, les résultats d’enquêtes et les informations collectées auprès des services techniques nationaux sont analysés et rassemblés dans un rapport mensuel qui est examiné puis adopté par le Groupe de Travail National SAP, avant d’être publié et distribué sous forme d’un bulletin. Les recommandations d’actions du SAP sont prises au cours de réunions-débats, les réunions d’expertise, regroupant tous ses cadres régionaux et centraux. Les premières recommandations faites en novembre sur la base des informations disponibles en octobre permettent au Commissariat à la Sécurité Alimentaire d’élaborer le Plan National de Réponses aux difficultés alimentaires et nutritionnelles des populations et des animaux. Les recommandations définitives, publiées en mars, sont faites dans les dernières semaines de février sur la base des informations validées disponibles en février. Cependant, d’autres recommandations peuvent être faites de façon exceptionnelle en fonction de l’évolution de la situation alimentaire dans certaines zones. Depuis deux ans les résultats de ces réunions d’expertise du SAP viennent s’ajouter à d’autres résultats d’enquêtes notamment ceux de l’enquête nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (ENSAN), de l’approche de l’analyse de l’économie des Ménages (HEA), du SMART, etc. en vue d’affiner les résultats de l’évaluation pour l’identification des zones à risques et la détermination des populations vulnérables dans l’optique du Cadre Harmonisé nécessaire pour un ciblage plus fin des populations en insécurité alimentaire aiguë.
- METHODOLOGIQUE DE DETERMINATION DES POPULATIONS EN INSECURITE ALIMENTAIRE
Cette étape fondamentale qui constitue la principale mission du Système d’Alerte Précoce (SAP), vise à déterminer géographiquement les populations en insécurité alimentaire. Pour ce faire, le SAP s’appuie sur une série de mécanismes de surveillance organisée ou d’actions de collecte d’informations en collaboration avec les services techniques communaux, locaux et régionaux sur les aléas potentiels survenus à l’échelle du territoire national afin de déclencher en temps opportun des interventions coordonnées.
Le SAP déterminera suffisamment à l’avance les questions suivantes :
- Quelles sont les communes à risques d’insécurité alimentaire et nutritionnelle ?
- Combien de personnes sont concernées ?
- Pour quelle raison ?
- A partir de quand ?
- Pendant combien de temps ?
- Quelles sont les aides ou actions d’atténuation (ou de résilience) nécessaires pour réduire les souffrances des populations et renforcer leur résilience ?
Pour répondre à ces interrogations, la méthodologie du Système d’Alerte Précoce est basée sur la collecte, l’analyse et la diffusion des informations. En substance, la détermination des populations en insécurité alimentaire nécessite la combinaison de plusieurs méthodes :
- LE SYSTEME EXPERT: méthode développée par SAP Mali permettant de classifier le niveau d’insécurité alimentaire de chaque commune du pays. Pour ce système expert, le niveau d’insécurité alimentaire est la résultante de la situation vécue par la commune l’année précédente, du niveau de la disponibilité alimentaire (production agrosylvopastorales) et le pouvoir d’achat. Celui-ci étant défini comme la combinaison des principales activités génératrices des revenus et l’évolution des prix des principales denrées alimentaires sur les marchés. Elle permet de classer les communes sur une échelle allant de la situation normale à la famine.
- L’ANALYSE DE L’ECONOMIE DES MENAGES : c’est une méthode élaborée par le Food Economic Group (FEG) permettant de comparer le comportement de chaque indicateur par rapport à une situation de référence. Elle se base sur la catégorisation socioéconomique des ménages (très pauvres, pauvres, moyens et nantis). En cas de choc dans une zone, tous les ménages ne sont pas affectés de la même manière. L’analyse se fait par zone de moyen d’existence et permet de déterminer la catégorie qui a des difficultés et son pourcentage par rapport à la population de la zone.
- L’ENQUETE NATIONALE DE SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE (ENSAN) est une enquête réalisée par le SAP en collaboration avec le PAM, la FAO, le FEWS NET et les ONG du Cluster sécurité alimentaire. Elle permet de produire des indicateurs clé de la sécurité alimentaire afin d’appréhender la situation courante de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages, de même que son évolution au cours des 6 prochains mois dans l’exercice du cadre harmonisé.
- LE CADRE HARMONISEest une méthodologie d’analyse consensuelle élaborée par le CILSS, le PAM, l’USAID, la FAO et l’OCDE (Club du Sahel) dans le cadre d’une harmonisation des systèmes d’évaluations de la sécuritaire alimentaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. C’est un outil fédérateur pour une analyse pertinente, consensuelle, rigoureuse et transparente de la situation alimentaire et nutritionnelle courante et projetée. Il permet de :
- classifier la sévérité de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle suivant l’échelle internationale de classification à travers une approche basée sur des fonctions et des protocoles bien définis ;
- aider à la planification et au suivi de la mise en œuvre de la réponse aux crises alimentaires et nutritionnelles.
Le SAP a élaboré une passerelle permettant de combiner ces différents résultats d’enquêtes et d’analyses pour déterminer le nombre de personnes dans chaque commune selon les différents phasages :
- PHASE 5 = Famine ;
- PHASE 4 = Urgence ;
- PHASE 3 = Crise ;
- PHASE 2 = Stress ;
- PHASE 1 = Normale.
- L’IDENTIFICATION DES POPULATIONS BENEFICIAIRES OU CIBLAGE NOMINATIF
Ce processus consiste à identifier nominativement les ménages les plus vulnérables devant bénéficier de l’aide de l’Etat dans les communes déjà ciblées géographiquement par le SAP. Le Commissariat à la Sécurité Alimentaire passe des contrats avec des ONG de proximité travaillant dans les cercles pour procéder à ce travail de ciblage nominatif des ménages bénéficiaires. En effet, il s’agit pour les ONG, de dresser par commune et pour chaque village ou fraction, la liste nominative des chefs de ménages bénéficiaires de l’aide de l’Etat.
Chaque ONG dans sa zone, à la suite de plusieurs missions de terrain, sous la supervision du Sous-Préfet en collaboration avec le maire et le conseil communal, doit :
- faire le ciblage des ménages vulnérables par village et/ou fraction en utilisant les critères de ciblage des ménages très vulnérables définis par le CSA (guide méthodologique en annexe) ;
- dresser la liste de tous les ménages très vulnérables et vulnérables par villages et/ou fractions ;
- dresser la liste nominative de ces ménages très vulnérables et vulnérables éligibles à la distribution alimentaire gratuite du plan d’urgence ;
- faire valider cette liste nominative des ménages bénéficiaires par la commission désignée à cette fin au sein de la communauté du village et/ou fraction ;
- faire la liste de synthèse des ménages bénéficiaires de la commune avec le comité communal de réception et de distribution des céréales ;
- participer à la distribution effective des céréales aux ménages bénéficiaires ciblés au niveau du chef-lieu de commune ;
- veiller au bon remplissage des fiches de distribution alimentaire gratuite, notamment à l’émargement du chef de ménage ciblé ou son représentant, par village et/ou fraction.
- assister à la production du rapport de distribution du comité de réception et de distribution des céréales qui sera envoyé au Commissariat à la Sécurité Alimentaire.
La liste de ciblage une fois validée en assemblée générale communautaire, est le support pour la distribution effective de la quantité prévue.
Pour ce travail de ciblage nominatif des ménages bénéficiaires dont dépend en grande partie la réussite des opérations de distribution alimentaire gratuite, l’ONG est rémunérée en fonction de la densité des zones de vulnérabilité.
En définitive, l’identification et l’évaluation des populations en insécurité alimentaire, s’effectue par une méthodologie participative des acteurs, une analyse scientifique, une harmonisation consensuelle des données et une enfin une validation nationale et régionale des résultats.
(Photo du Coordinateur du SAP en PJ)
- L’OFFICE DES PRODUITS AGRICOLES DU MALI (OPAM)
L’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) : ENTRE LA NECESSITE DE REFORMER ET LE CHANTIER DE LA MODERNISATION
Crée en 1964, avec le monopole de la commercialisation des produits céréaliers sur toute l’étendue du territoire nationale, l’évolution de l’Office des Produits du Mali est liée à celle du pays. En effet, outil stratégique de souveraineté, l’OPAM a conduit plusieurs mutations stratégiques en fonction de l’orientation stratégique des différents présidents mais aussi des réalités macroéconomique et même microéconomique de notre pays.
Ainsi, à la veille de l’accession de notre pays à la souveraineté, l’OPAM était l’outil fondamental créée pour assurer la collecte des produits céréaliers à travers le pays au niveau des producteurs regroupés en coopératives agricoles installées à travers le pays. Ces coopératives jouaient le rôle d’assembleurs de céréales et transportaient les céréales jusqu’aux magasins de l’OPAM qui se chargeait ensuite de la distribution des céréales dans le pays. Les prix au consommateur étaient fixés par rapport au prix de revient de la céréale jusqu’à son lieu de vente. L’Etat fixait les prix sans tenir compte des coûts de commercialisation supportés par ses organismes. L’état subventionnait les prix à la consommation et payait la différence entre ce prix et le prix de revient des céréales à l’OPAM. Ainsi, les consommateurs qui avaient accès aux céréales vendues par l’OPAM étaient à l’abri des fluctuations de prix car les prix étaient non seulement stables, mais aussi à des niveaux très bas.
Cependant, à la faveur du Programme d’Ajustement Structurel imposé au pays dans les années 1980, le Gouvernement opta pour la libéralisation du marché des produits céréaliers. Ainsi le gouvernement avec l’appui de certains partenaires ont mis en place au début des années 80 le Programme de Restructuration du Marché Céréalier (PRMC) avec les objectifs le relèvement régulier des prix de céréales au producteur, la libéralisation du commerce des céréales pour permettre un approvisionnement plus fluide des marchés, et un partage plus satisfaisant des activités entre le secteur public et privé. Ce qui engendrera le recentrage du rôle de l’état à travers la relecture des missions de l’OPAM, la restructuration des opérations de développement rural et le transfert progressif des tâches de commercialisation du secteur public au secteur privé et associatif.
Le PRMC s’est concentré presque exclusivement sur l’approvisionnement correct des populations en céréales et le fonctionnement correct des marchés. Cette approche a négligé plusieurs autres aspects de la sécurité alimentaire, tels que le rôle des cultures non céréalières et de la production animale, l’adoption des nouvelles technologies au niveau des agriculteurs, la génération des revenus pour assurer un accès économique à la nourriture, le rôle des collectivités locales dans les interventions d’urgence et les liens entre la santé et la nutrition. Dans la mesure où le PRMC s’adresse aux questions d’accès économique aux aliments, il s’est concentré principalement sur les réponses aux crises alimentaires localisées à court terme et a développé un bon ensemble d’outils et de procédures pour faire face à de tels problèmes. Le PRMC a établi un système de gestion national de la sécurité alimentaire, composé des instruments comme un stock national de sécurité alimentaire (SNS), un système d’information du marché (OMA), un système d’alerte précoce (SAP), un fond de sécurité alimentaire (FSA), qui sert de réserve monétaire pour compléter le stock physique de sécurité alimentaire et un fonds de contrepartie conjointement géré par le gouvernement malien et les donateurs.
En 2017, à la faveur de la grande réforme du Commissariat à la Sécurité Alimentaire, le PRMC disparaitra. Ainsi, l’OPAM plus que jamais constitue un levier fondamental de la souveraineté alimentaire de notre pays. De nos jours, elle intervient sur le marché céréalier national pour la constitution du stock national de sécurité alimentaire et son stockage, la stabilisation et la régularisation des prix à travers des ventes d’interventions et promotionnelles et la gestion des aides alimentaires. On y ajoutera des missions commerciales qui vont de la tierce détention à la location des magasins de l’OPAM et toute autre action qui tend à la modernisation du marché céréalier.
Cependant, la limitation du rôle de l’OPAM au stockage et à la gestion de certains stocks constitue d’un véritable frein au regard des potentialités commerciale et économique exploitable par l’entreprise d’où la nécessité d’une réforme. Malgré ses contraintes, l’OPAM ambitionne de de grands projets de Construction, de Réhabilitation et d’Equipement de ses entrepôts modernes à travers le pays.
Ainsi les discutions avec certaines institutions financières sous régional présage de grands chantiers. Cela constitue également un projet fondamental pour le dispositif de Sécurité Alimentaire du Mali. En effet, ce projet de construction, de réhabilitation et d’équipement d’entrepôts modernes, d’un bloc administratif et des aménagements divers à Bamako et certaines régions permettra de renforcer les capacités de stockage de l’OPAM, structure du Dispositif National de Sécurité alimentaire chargée notamment la gestion des stocks nationales de sécurité alimentaire. Il s’agira notamment de la construction et l’équipement de onze (11) entrepôts modernes à Bamako et dans certaines régions et localités du pays : Kayes, Sikasso, Koulikoro, Koutiala, Ségou et Mopti.
En effet, héritier de bâtiments assez vétustes, la rénovation d’anciens bâtiments et la reconstruction de nouveaux bâtiments est un défi majeur, pour cette entreprise auparavant fleuron de l’économie nationale.
- L’OBSERVATOIRE DU MARCHE AGRICOLE (OMA)
L’OMA contribue à la régulation du marché céréalier et à l’amélioration des politiques alimentaires à travers la collecte, l’analyse et la diffusion d’une information fiable, pertinente et actuelle auprès de tous les acteurs du secteur privé et des décideurs publics
Le Système d’information sur le marché des céréales (SIM) du Mali figure parmi les pionniers des dispositifs d’information de marché céréalier en Afrique. Crée en 1989 dans le cadre des politiques d’ajustement structurel et de libéralisation des marchés, il a évolué en système d’information décentralisé basé dans les Chambres d’agriculture lors de sa transformation en Observatoire des marchés agricoles (OMA) en 1998. Comparé aux dispositifs mis en place dans les autres pays d’Afrique, le SIM avait à l’époque bénéficié d’un environnement institutionnel particulièrement favorable à son développement. Considéré comme une réussite sur le plan technique, il est caractéristique des SIM de première génération. Cela ne l’a pas empêché de rencontrer un certain nombre de difficultés communes à de nombreux dispositifs publics d’information, en particulier pour répondre aux besoins spécifiques des acteurs privés, notamment des petits producteurs, et pour assurer la pérennité du dispositif en cas de retrait des donateurs.
En effet, la libéralisation des prix et des marchés céréaliers dans notre pays commencé à partir de 1981, est intervenue dans un contexte de déficit alimentaire chronique et d’un accroissement du volume des aides alimentaires. Elle avait suscité une double crainte de la part Gouvernement d’alors : celle que les flux de céréales à prix concessionnels ne viennent perturber le processus de libéralisation des marchés d’une part, et celle que l’abandon du contrôle des prix n’engendre un renchérissement des céréales difficilement supportable pour les consommateurs urbains dont le pouvoir d’achat était affecté par les conséquences du programme d’ajustement structurel, d’autre part. Ainsi, pour pallier ces risques, le suivi de la politique de libéralisation devait pouvoir s’appuyer sur un système de veille du marché des céréales. En outre, le retrait de l’État de la commercialisation au profit du secteur prive impliquait que le marché céréalier devienne plus concurrentiel afin de réduire les coûts de commercialisation au profit des producteurs et des consommateurs. La disponibilité de l’information pour tous les acteurs devenait une condition nécessaire à l’émergence d’un marché céréalier plus transparent et concurrentiel.
Le Système d’information de marché (SIM) a donc été conçu et mis en œuvre pour répondre à la fois aux besoins d’information des décideurs publics et du secteur privé. Lors du séminaire national sur la sécurité alimentaire de décembre 1988, les objectifs suivants ont été assignés à ce dispositif public : « Contribuer à la régulation du marché céréalier et à l’amélioration des politiques alimentaires à travers la collecte, l’analyse et la diffusion d’une information fiable, pertinente et actuelle auprès de tous les acteurs du secteur prive´ et des décideurs publics ». Avec l’appui technique et financier des bailleurs de fonds regroupés au sein du Programme de restructuration du marché céréalier (PRMC), un dispositif d’enquêtes avec des moyens de transmission et de traitement rapides des données a été´ mis en place en 1989 au sein de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) dont le rôle a été reconfiguré suite à la suppression du monopole de l’Etat sur la commercialisation des céréales. Le tableau résume la configuration de ce système qui est emblématique du standard des SIM de première génération.
Du SIM à l’OMA. Il faut dire que ce système a bénéficié, dès sa création, d’un environnement institutionnel favorable. Il s’était donc inscrit dans une politique volontariste d’accompagnement de la libéralisation visant à promouvoir la sécurité alimentaire par l’amélioration du fonctionnement du marché des céréales, denrée de base de la consommation des populations maliennes. Cette politique menée par le PRMC n’a pas d’équivalent sur le continent. En effet, la « force » du PRMC était d’avoir réuni les principaux partenaires techniques et financiers du Mali autour d’un fonds commun des donateurs abonde par les fonds de contrepartie de l’aide alimentaire.
Ce montage institutionnel a permis de fédérer des moyens conséquents au service de la restructuration du marché et, surtout, d’assurer une cohérence de la politique céréalière à partir d’une coordination efficace au sein des donateurs, et, entre les donateurs et l’Etat. Cependant, comme tout instrument innovant, le SIM sera confronté à des difficultés majeurs notamment son manque d’autonomie institutionnelle, le coût très élevé de son fonctionnement, ainsi que des limites techniques et, plus généralement, à l’insuffisante adéquation entre les informations diffusées et les besoins du secteur privé. Pour ceux-ci, les informations du SIM arrivent trop tard et ne couvrent pas tous les facteurs qui influencent la dynamique du marché. Les contraintes de liquidité et l’éloignement des marchés empêchent un grand nombre de petits producteurs de tirer profit des informations diffusées. Plus fondamentalement, le SIM n’était pas en mesure de concurrencer les réseaux des commerçants privés qui font circuler une information plus actuelle et plus complète sur les paramètres du marché.
Cela étant, c’est la question du financement qui va précipiter la transformation du SIM. En 1997, le PRMC est entré dans sa cinquième phase, les partenaires techniques et financiers considèrent qu’après 15 ans d’appui, la libéralisation du marché est achevée et ils engagent le transfert progressif au budget de l’Etat malien des charges du programme d’appui à la sécurité alimentaire. La question de l’avenir du SIM est posée et en premier lieu celle de sa localisation institutionnelle. Une solution va être trouvée avec le rattachement du SIM à la structure professionnelle naissante des Chambres d’agriculture. La nouvelle entité issue de la restructuration du SIM, l’Observatoire du marché agricole (OMA), a été créée en octobre 1998 par délibération en tant que service spécialisé rattaché à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM) sa tutelle.
L’OMA a donc été doté de l’autonomie de gestion, avec autorité sur ses agents de terrain, qui lui confère la souplesse nécessaire pour les missions de contrôle ou les études spécifiques. La restructuration a permis de réduire les coûts de fonctionnement de la nouvelle structure à un niveau compatible avec leur prise en charge par le budget national. Principale innovation, la transformation du SIM fait de l’OMA un « ensemble décentralisé de services d’information ». Cette décentralisation a été rendue possible à la fois par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information (micro-ordinateurs, modem, intranet, etc.…) et par la multiplication des radios privées de proximité dans les zones rurales. Dans le cadre du système précédent, les données étaient collectées sur les marchés dans le seul objectif d’être transmises à la cellule centrale chargée du traitement et de la diffusion de l’information. Désormais, les données sont collectées selon une double finalité : d’une part, répondre aux besoins spécifiques des utilisateurs locaux avec une information sur les produits représentant un enjeu pour le terroir et, d’autre part, transmettre à la cellule centrale les données sur le panier de produits représentatifs des enjeux agricoles et de sécurité´ alimentaire a` l’échelle nationale. Le nouveau système a permis d’élargir la gamme des produits suivis : aux céréales s’ajoute désormais le suivi hebdomadaire des prix et des quantités des produits horticoles, du poisson, du bétail, des intrants et des équipements agricoles.
Désormais l’information est diffusée également par des radios rurales, en langue locale, en fonction des jours de marche´ et à une heure de grande écoute des populations rurales (« au petit soir »). L’OMA dispose ainsi de moyens nettement plus efficaces que ceux du SIM pour renforcer les capacités de négociation des acteurs locaux par l’information. Par exemple, dans la zone de l’Office du Niger, sur le marché de Siengo, les activités du marché commencent immédiatement après la diffusion des informations à` la radio le jeudi. Les communiqués diffusés prennent en compte les prix du riz et des autres produits locaux et les mettent en relation avec les informations pratiquées sur les marchés de destination des produits de la zone. Les unités locales de collecte et de diffusion (ULCD), logées dans les Chambres d’agriculture, sont les pivots de ce système décentralisé. L’OMA comptait 25 ULCD, couvrant 66 marchés. Le positionnement au sein des structures professionnelles régionales via les ULCD et le mandat de vulgarisation qui lui est attribué, conféraient à l’OMA la capacité de prendre en compte beaucoup plus directement les besoins spécifiques des acteurs locaux que le SIM de première génération.
En premier lieu, les choix concernant l’information à collecter et à diffuser sont faits au niveau de chacune des unités locales. La transformation du SIM en OMA a permis de remédier à plusieurs insuffisances du système de première génération. La nouvelle insertion institutionnelle est plus pertinente et plus efficace. Avec la décentralisation de l’OMA et son rattachement à l’APCAM, le dispositif est plus proche du milieu rural et des organisations de producteurs. Avec son inscription dans le dispositif du Commissariat à la Sécurité Alimentaire par l’intermédiaire du PROMISAM, il est mobilisé pour l’aide à la décision dans le pilotage de la politique de sécurité alimentaire. Dans le même temps, il avait acquis une assise financière pérenne à travers une inscription au budget de l’Etat et suite à une réduction substantielle de son budget de fonctionnement. Cependant le principal changement se situe dans le positionnement du système par rapport à son public cible : alors que le SIM était organisé pour mettre à disposition des acteurs l’information sur les prix des céréales, selon une politique d’offre d’informations, la nouvelle organisation du système fait que l’OMA est davantage tire´ par la demande d’informations de ses « clients » ou parties prenantes.
MANQUE DE FINANCEMENT. Cependant, l’OMA comme toutes les structures fonctionnant exclusivement sur financements extérieurs (partenaires techniques et financiers) connait des difficultés majeures liées aux manques de ressources financières et humaines appropriées. En effet, la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays depuis 2012 à sérieusement impactés les structures des marchés céréaliers à travers le pays, ce qui engendré une restriction du niveau d’intervention de l’OMA à travers le pays. Pire, le manque de ressources financières adéquates les ambitions de l’OMA. En effet, si le passage du financement par les bailleurs de fonds de l’aide publique au développement à la dotation sur budget national sécurisait une dotation annuelle, il équivaut à une réduction du financement de base du système, alors que ses ambitions dans le nombre de produits suivis et la diffusion de l’information sont élargies.
Avant la crise, l’OMA supervisait régulièrement plus de 64 marchés locaux répartis sur tout le territoire pour recueillir des informations sur les prix des produits, tels que le riz, le mil, le maïs, le sorgho et d’autres spéculations, de même que le bétail. De nos jours, l’observatoire a du mal à couvrir 30 marchés d’où la nécessité d’une nouvelle réforme pour permettre à cet instrument fondamental de fonctionner correctement en adéquation avec les nouvelles réalités de notre pays.
(Photo du Coordinateur et des éléments de OMA)
- LE SECRETARIAT TECHNIQUE ET FINANCIER (STF)
Le Secrétariat technique et financier est chargé :
- D’assurer le secrétariat de la Commission mixte de concertation, du Comité technique et du Comité de coordination et de suivi des politiques et programmes de Sécurité alimentaire ;
- D’assurer la gestion administrative, financière et comptable des outils communs du dispositif : Fonds de Sécurité alimentaire, Fonds commun des Partenaires, Stock national de Sécurité, etc ;
- De notifier les décisions de la Commission mixte de concertation et du Comité technique aux structures concernées et de suivre leur mise en œuvre ;
- De veiller à informer les membres de l’état de mise en œuvre des décisions et recommandations prises par les organes, de la situation de gestion des outils communs et de toutes autres questions concernant la coopération entre l’Etat et les Partenaires techniques et financiers dans le cadre du Dispositif ;
- De proposer, de promouvoir ou de soutenir des modalités innovantes de financement des actions visant la sécurité alimentaire et nutritionnelle ;
- D’élaborer les manuels de procédures nécessaires et de suivre leur application ;
- De mobiliser et de mettre à disposition les budgets de fonctionnement des structures du dispositif prévus dans le Contrat-plan Etat/OPAM ;
- De promouvoir le partenariat avec des structures analogues de la sous-région.
- LA DIRECTION DES PROJETS ET PROGRAMMES PAM-MALI – DPPPAM
(Texte en attente)