- L’OFFICE DES PRODUITS AGRICOLES DU MALI (OPAM)
L’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) : ENTRE LA NECESSITE DE REFORMER ET LE CHANTIER DE LA MODERNISATION
Crée en 1964, avec le monopole de la commercialisation des produits céréaliers sur toute l’étendue du territoire nationale, l’évolution de l’Office des Produits du Mali est liée à celle du pays. En effet, outil stratégique de souveraineté, l’OPAM a conduit plusieurs mutations stratégiques en fonction de l’orientation stratégique des différents présidents mais aussi des réalités macroéconomique et même microéconomique de notre pays.
Ainsi, à la veille de l’accession de notre pays à la souveraineté, l’OPAM était l’outil fondamental créée pour assurer la collecte des produits céréaliers à travers le pays au niveau des producteurs regroupés en coopératives agricoles installées à travers le pays. Ces coopératives jouaient le rôle d’assembleurs de céréales et transportaient les céréales jusqu’aux magasins de l’OPAM qui se chargeait ensuite de la distribution des céréales dans le pays. Les prix au consommateur étaient fixés par rapport au prix de revient de la céréale jusqu’à son lieu de vente. L’Etat fixait les prix sans tenir compte des coûts de commercialisation supportés par ses organismes. L’état subventionnait les prix à la consommation et payait la différence entre ce prix et le prix de revient des céréales à l’OPAM. Ainsi, les consommateurs qui avaient accès aux céréales vendues par l’OPAM étaient à l’abri des fluctuations de prix car les prix étaient non seulement stables, mais aussi à des niveaux très bas.
Cependant, à la faveur du Programme d’Ajustement Structurel imposé au pays dans les années 1980, le Gouvernement opta pour la libéralisation du marché des produits céréaliers. Ainsi le gouvernement avec l’appui de certains partenaires ont mis en place au début des années 80 le Programme de Restructuration du Marché Céréalier (PRMC) avec les objectifs le relèvement régulier des prix de céréales au producteur, la libéralisation du commerce des céréales pour permettre un approvisionnement plus fluide des marchés, et un partage plus satisfaisant des activités entre le secteur public et privé. Ce qui engendrera le recentrage du rôle de l’état à travers la relecture des missions de l’OPAM, la restructuration des opérations de développement rural et le transfert progressif des tâches de commercialisation du secteur public au secteur privé et associatif.
Le PRMC s’est concentré presque exclusivement sur l’approvisionnement correct des populations en céréales et le fonctionnement correct des marchés. Cette approche a négligé plusieurs autres aspects de la sécurité alimentaire, tels que le rôle des cultures non céréalières et de la production animale, l’adoption des nouvelles technologies au niveau des agriculteurs, la génération des revenus pour assurer un accès économique à la nourriture, le rôle des collectivités locales dans les interventions d’urgence et les liens entre la santé et la nutrition. Dans la mesure où le PRMC s’adresse aux questions d’accès économique aux aliments, il s’est concentré principalement sur les réponses aux crises alimentaires localisées à court terme et a développé un bon ensemble d’outils et de procédures pour faire face à de tels problèmes. Le PRMC a établi un système de gestion national de la sécurité alimentaire, composé des instruments comme un stock national de sécurité alimentaire (SNS), un système d’information du marché (OMA), un système d’alerte précoce (SAP), un fond de sécurité alimentaire (FSA), qui sert de réserve monétaire pour compléter le stock physique de sécurité alimentaire et un fonds de contrepartie conjointement géré par le gouvernement malien et les donateurs.
En 2017, à la faveur de la grande réforme du Commissariat à la Sécurité Alimentaire, le PRMC disparaitra. Ainsi, l’OPAM plus que jamais constitue un levier fondamental de la souveraineté alimentaire de notre pays. De nos jours, elle intervient sur le marché céréalier national pour la constitution du stock national de sécurité alimentaire et son stockage, la stabilisation et la régularisation des prix à travers des ventes d’interventions et promotionnelles et la gestion des aides alimentaires. On y ajoutera des missions commerciales qui vont de la tierce détention à la location des magasins de l’OPAM et toute autre action qui tend à la modernisation du marché céréalier.
Cependant, la limitation du rôle de l’OPAM au stockage et à la gestion de certains stocks constitue d’un véritable frein au regard des potentialités commerciale et économique exploitable par l’entreprise d’où la nécessité d’une réforme. Malgré ses contraintes, l’OPAM ambitionne de de grands projets de Construction, de Réhabilitation et d’Equipement de ses entrepôts modernes à travers le pays.
Ainsi les discutions avec certaines institutions financières sous régional présage de grands chantiers. Cela constitue également un projet fondamental pour le dispositif de Sécurité Alimentaire du Mali. En effet, ce projet de construction, de réhabilitation et d’équipement d’entrepôts modernes, d’un bloc administratif et des aménagements divers à Bamako et certaines régions permettra de renforcer les capacités de stockage de l’OPAM, structure du Dispositif National de Sécurité alimentaire chargée notamment la gestion des stocks nationales de sécurité alimentaire. Il s’agira notamment de la construction et l’équipement de onze (11) entrepôts modernes à Bamako et dans certaines régions et localités du pays : Kayes, Sikasso, Koulikoro, Koutiala, Ségou et Mopti.
En effet, héritier de bâtiments assez vétustes, la rénovation d’anciens bâtiments et la reconstruction de nouveaux bâtiments est un défi majeur, pour cette entreprise auparavant fleuron de l’économie nationale.