• L’OBSERVATOIRE DU MARCHE AGRICOLE (OMA)

L’OMA contribue à la régulation du marché céréalier et à l’amélioration des politiques alimentaires à travers la collecte, l’analyse et la diffusion d’une information fiable, pertinente et actuelle auprès de tous les acteurs du secteur privé et des décideurs publics

Le Système d’information sur le marché des céréales (SIM) du Mali figure parmi les pionniers des dispositifs d’information de marché céréalier en Afrique. Crée en 1989 dans le cadre des politiques d’ajustement structurel et de libéralisation des marchés, il a évolué en système d’information décentralisé basé dans les Chambres d’agriculture lors de sa transformation en Observatoire des marchés agricoles (OMA) en 1998. Comparé aux dispositifs mis en place dans les autres pays d’Afrique, le SIM avait à l’époque bénéficié d’un environnement institutionnel particulièrement favorable à son développement. Considéré comme une réussite sur le plan technique, il est caractéristique des SIM de première génération. Cela ne l’a pas empêché de rencontrer un certain nombre de difficultés communes à de nombreux dispositifs publics d’information, en particulier pour répondre aux besoins spécifiques des acteurs privés, notamment des petits producteurs, et pour assurer la pérennité du dispositif en cas de retrait des donateurs.

En effet, la libéralisation des prix et des marchés céréaliers dans notre pays commencé à partir de 1981, est intervenue dans un contexte de déficit alimentaire chronique et d’un accroissement du volume des aides alimentaires. Elle avait suscité une double crainte de la part Gouvernement d’alors : celle que les flux de céréales à prix concessionnels ne viennent perturber le   processus de libéralisation des marchés d’une part, et celle que l’abandon du contrôle des prix n’engendre un renchérissement des céréales difficilement supportable pour les consommateurs urbains dont le pouvoir d’achat était affecté par les conséquences du programme d’ajustement structurel, d’autre part. Ainsi, pour pallier ces risques, le suivi de la politique de libéralisation devait pouvoir s’appuyer sur un système de veille du marché des céréales. En outre, le retrait de l’État de la commercialisation au profit du secteur prive impliquait que le marché céréalier devienne plus concurrentiel afin de réduire les coûts de commercialisation au profit des producteurs et des consommateurs. La disponibilité de l’information pour tous les acteurs devenait une condition nécessaire à l’émergence d’un marché céréalier plus transparent et concurrentiel.

 Le Système d’information de marché (SIM) a donc été conçu et mis en œuvre pour répondre à la fois aux besoins d’information des décideurs publics et du secteur privé. Lors du séminaire national sur la sécurité alimentaire de décembre 1988, les objectifs suivants ont été assignés à ce dispositif public : « Contribuer à la régulation du marché céréalier et à l’amélioration des politiques alimentaires à travers la collecte, l’analyse et la diffusion d’une information fiable, pertinente et actuelle auprès de tous les acteurs du secteur prive´ et des décideurs publics ». Avec l’appui technique et financier des bailleurs de fonds regroupés au sein du Programme de restructuration du marché céréalier (PRMC), un dispositif d’enquêtes avec des moyens de transmission et de traitement rapides des données a été´ mis en place en 1989 au sein de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) dont le rôle a été reconfiguré suite à la suppression du monopole de l’Etat sur la commercialisation des céréales. Le tableau résume la configuration de ce système qui est emblématique du standard des SIM de première génération.

Du SIM à l’OMA. Il faut dire que ce système a bénéficié, dès sa création, d’un environnement institutionnel favorable. Il s’était donc inscrit dans une politique volontariste d’accompagnement de la libéralisation visant à promouvoir la sécurité alimentaire par l’amélioration du fonctionnement du marché des céréales, denrée de base de la consommation des populations maliennes. Cette politique menée par le PRMC n’a pas d’équivalent sur le continent. En effet, la « force » du PRMC était d’avoir réuni les principaux partenaires techniques et financiers du Mali autour d’un fonds commun des    donateurs abonde par les fonds de contrepartie de l’aide alimentaire.

Ce montage institutionnel a permis de fédérer des moyens conséquents au service de la restructuration du  marché et, surtout, d’assurer une cohérence de la politique céréalière à partir d’une coordination efficace au sein des    donateurs, et, entre les donateurs et l’Etat. Cependant, comme tout instrument innovant, le SIM sera confronté à des difficultés    majeurs notamment son manque d’autonomie institutionnelle, le coût très élevé de son fonctionnement, ainsi que des limites techniques et, plus généralement, à l’insuffisante adéquation entre les informations diffusées et les besoins du secteur privé. Pour ceux-ci, les informations du SIM arrivent trop tard et ne couvrent pas tous les facteurs qui influencent la dynamique du marché. Les contraintes de liquidité et l’éloignement des marchés empêchent un grand nombre de petits producteurs de tirer profit des informations diffusées. Plus fondamentalement, le SIM n’était pas en mesure de concurrencer les réseaux des commerçants privés qui font circuler une information plus actuelle et plus complète sur les paramètres du marché.

Cela étant, c’est la question du financement qui va précipiter la transformation du SIM. En 1997, le PRMC est entré dans sa cinquième phase, les partenaires techniques et financiers considèrent qu’après 15 ans d’appui, la libéralisation du marché est achevée et ils engagent le transfert progressif au budget de l’Etat malien des charges du programme d’appui à la sécurité   alimentaire. La question de l’avenir du SIM est posée et en premier lieu celle de sa localisation institutionnelle. Une solution va être trouvée avec le rattachement du SIM à la structure professionnelle naissante des Chambres d’agriculture. La nouvelle entité issue de la restructuration du SIM, l’Observatoire du   marché agricole (OMA), a été créée en octobre 1998 par délibération en tant que service spécialisé rattaché à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM) sa tutelle.

 L’OMA a donc été doté de l’autonomie de gestion, avec autorité sur ses agents de terrain, qui lui confère la souplesse nécessaire pour les missions de contrôle ou les études spécifiques. La restructuration a permis de réduire les coûts de fonctionnement de la nouvelle structure à un niveau compatible avec leur prise en charge par le budget national. Principale innovation, la transformation du SIM fait de l’OMA un « ensemble décentralisé de services d’information ». Cette décentralisation a été rendue possible à la fois par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information (micro-ordinateurs, modem, intranet, etc.…) et par la multiplication des radios privées de proximité dans les zones rurales. Dans le cadre du système précédent, les données étaient collectées sur les marchés dans le seul objectif d’être transmises à la cellule centrale chargée du traitement et de la diffusion de l’information. Désormais, les données sont collectées selon une double finalité : d’une part, répondre aux besoins spécifiques des utilisateurs locaux avec une information sur les produits représentant un enjeu pour le terroir et, d’autre part, transmettre à la cellule centrale les données sur le panier de produits représentatifs des enjeux agricoles et de sécurité´ alimentaire a` l’échelle nationale. Le nouveau système a permis d’élargir la gamme des produits suivis : aux céréales s’ajoute désormais le suivi hebdomadaire des prix et des quantités des produits    horticoles, du poisson, du    bétail, des intrants et des équipements      agricoles.

Désormais l’information est diffusée également par des radios   rurales, en langue locale, en fonction des jours de marche´ et à une heure de grande écoute des populations rurales (« au petit soir »). L’OMA dispose ainsi de moyens nettement plus efficaces que ceux du SIM pour renforcer les capacités de négociation des acteurs locaux par l’information. Par exemple, dans la zone de l’Office du Niger, sur le marché de Siengo, les activités du marché commencent immédiatement après la diffusion des informations à` la radio le jeudi. Les communiqués diffusés prennent en compte les prix du riz et des autres      produits locaux et les mettent en    relation avec les informations pratiquées sur les marchés de destination des produits de la zone. Les unités locales de collecte et de diffusion (ULCD), logées dans les Chambres d’agriculture, sont les pivots de ce système décentralisé. L’OMA comptait 25 ULCD, couvrant 66 marchés. Le positionnement au sein des structures professionnelles régionales via les ULCD et le mandat de vulgarisation qui lui est attribué, conféraient à l’OMA la capacité de prendre en compte beaucoup plus directement les besoins spécifiques des acteurs locaux que le SIM de première génération.

En premier lieu, les choix concernant l’information à collecter et à diffuser sont faits au niveau de chacune des unités locales. La transformation du SIM en OMA a permis de remédier à plusieurs insuffisances du système de première génération. La nouvelle insertion institutionnelle est plus pertinente et plus   efficace. Avec la décentralisation de l’OMA et son rattachement à l’APCAM, le dispositif est plus proche du milieu rural et des organisations de producteurs. Avec son inscription dans le dispositif du Commissariat à la Sécurité Alimentaire par l’intermédiaire du PROMISAM, il est mobilisé pour l’aide à la décision dans le pilotage de la politique de sécurité alimentaire. Dans le même temps, il avait acquis une assise financière pérenne à travers une inscription au budget de l’Etat et suite à une réduction substantielle de son budget de fonctionnement. Cependant le principal changement se situe dans le positionnement du système par rapport à son public cible : alors que le SIM était organisé pour mettre à disposition des acteurs l’information sur les prix des céréales, selon une politique d’offre d’informations, la nouvelle organisation du système fait que l’OMA est davantage tire´ par la demande d’informations de ses « clients » ou parties prenantes.

 

MANQUE DE FINANCEMENT.  Cependant, l’OMA comme toutes les structures fonctionnant exclusivement sur financements extérieurs (partenaires techniques et financiers) connait des difficultés majeures liées aux manques de ressources financières et humaines appropriées. En effet, la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays depuis 2012 à sérieusement impactés les structures des marchés céréaliers à travers le pays, ce qui engendré une restriction du niveau d’intervention de l’OMA à travers le pays. Pire, le manque de ressources financières adéquates les ambitions de l’OMA. En effet, si le passage du financement par les bailleurs de fonds de l’aide publique au développement à la dotation sur budget national sécurisait une dotation annuelle, il équivaut à une réduction du financement de base du système, alors que ses ambitions dans le nombre de    produits suivis et la   diffusion de l’information sont élargies.

Avant la crise, l’OMA supervisait régulièrement plus de 64 marchés locaux répartis sur tout le territoire pour recueillir des informations sur les prix des produits, tels que le riz, le mil, le maïs, le sorgho et d’autres spéculations, de même que le bétail. De nos jours, l’observatoire a du mal à couvrir 30 marchés d’où la   nécessité d’une nouvelle réforme pour permettre à cet instrument fondamental de fonctionner correctement en adéquation avec les nouvelles réalités de notre pays.

 (Photo du Coordinateur et des éléments de OMA)

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